En Inde, la religion hindoue est une composante essentielle de la vie. La ferveur culmine lors du pèlerinage de la Kumba Mela.

Après un mois passé au Rajastan, ma femme et moi avons décidé, au vu d'un article paru dans un journal local, d'aller tenter notre chance à la Kumba Mela, le fameux pèlerinage qui a lieu tous les douze ans à Allahabad, à la jonction de l'Indus et du Gange.

Tous les 144 ans (12x12 ans), cette réunion prend une dimension inhabituelle et attire des millions d'adeptes de la religion hindoue. Tous ces pèlerins affluent vers ce lieu saint pour y procéder aux ablutions rituelles, à l'immersion dans les eaux sacrées et tenter d'approcher les saints hommes et femmes venus à cette occasion. Un bain de foule inoubliable, douze millions de personnes cette année. Pas de véritable bruit, une rumeur plutôt, sourde et rassurante. Ces hommes et ces femmes qui défilent devant notre tente sans se retourner, à pas lents et décidés, savent où ils vont; cela fait des mois ou des années qu'ils ont préparé ce rendez-vous sacré. 

Une brume assez dense baigne le tout, humains et tentes, dans une sorte de soupe qui ramène tout ce qui bouge à des silhouettes comme aspirées par ce flot humain, dans une errance éblouie, un parcours de somnambules à mis chemin entre le rêve et le cauchemar. Tous les cinq cent mètres, des miradors occupés par des policiers dominent la foule. Ils sont chargés de surveiller le déroulement pacifique de la manifestation. Une seule interdiction: photographier les sages nus, le nagas sadhus.

Il y a certains reportages ou certains voyages, certaines expériences disons, qui marquent, je dirai, définitivement. Je pense à l'expérience de l'Inde que je n'ai pas été du tout seul à faire. J'en ai très souvent parlé avec des confrères ou avec des voyageurs simplement et je ne pense pas que quelqu'un d'un tout petit peu sensible puisse aller en Inde, dans les villages... aller dans des grandes villes comme Calcutta ou Bombay, on ne peut pas aller là-bas et revenir le même. 

Quelque chose en nous s'est probablement cassé. Il y a certaines visions qu'on ne peut absolument pas digérer. En tous cas, en ce qui me concerne, l'Inde, il m'a fallu 6 mois à peu près pour la digérer, non pas complètement mais simplement pour pouvoir reprendre un train de vie normal. 

Extrait d'un interview de Jean Mohr tiré du film "Un photographe parmi les hommes" de Claude Goretta, 1978.


En Occident, les rats évoquent la saleté, la maladie, la peur. Ils sont souvent utilisés comme animaux de laboratoire, utiles pour la recherche et parqués dans des cages étroites et surpeuplées. En Inde, les rats sont des animaux sacrés qui symbolisent la sagesse. A Bikaner au Rajastan, un temple leur est même consacré et des fidèles viennent leur apporter des offrandes, principalement des sucreries et des fleurs, tandis que les rats se promènent librement et sans crainte dans le temple, grimpant sans gêne sur les pieds des visiteurs.

Au Rajastan, la ferveur religieuse est partout. De petits autels peints en orange ou ornés de guirlandes de fleurs prouvent la dévotion des fidèles à leurs dieux ou à leurs avatars à chaque coin de rue. Ganesha, le dieu à tête d'éléphant, est l'un des mieux aimés, aucun poète ne peut passer à côté de lui sans lui frotter amicalement la trompe pour trouver de l'inspiration. 

Les temples les plus fréquentés sont consacrés à Krishna ou à Shiva, où chacun peut entrer et recevoir à manger si il en a besoin.

 

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